au cœur d'un hiver québécois particulièrement rude, un redoux fort apprécié me permet de rester un moment admirer une bande d'athlètes écervelés faire des boucles sur le fleuve St-Laurent a bord de canots à glace, sortes d'avirons mal dégrossis. J'ai suivi Fred, un de mes partenaires du jogging matinal couchsurfing. Il connait l'un des rameurs de ce challenge, son ancien directeur de projet étudiant de sous marin a propulsion humaine.... la folie est sans limite!
Le circuit des participants est une boucle reliant le vieux port de Montréal au débarcadère de l’île Saint-Hélène un kilomètre au large. Pendant plus d'une heure et quart, trois vagues de rameurs partent a l'assaut du courant gonflé des eaux du fleuve. Au fur et à mesure des tours, les techniques s’affûtent et divergent, alors que les plus rusés et économes font des détours pour longer les rives, certains berserkers affrontent de face le courant endiablé du fleuve, vaines tentatives pour tenter un raccourci.
Si le thermomètre affiche glorieusement quelques chiffres au dessus de zéro, des bourrasques viennent nous fouetter le visage, et se propagent en irisant la surface des eaux. On imagine le calvaire pour ces rameurs de l'extrême qui se le prennent en pleine face lors de la remontée. Cette année peu de glace grâce ou à cause de la pluie exceptionnelle des deux journées précédentes, les canotiers n'ont pas a transbahuter leur embarcation sur la banquise des berges.
L'arrivée est un sommet, une course sur 100 m à pousser le rafiot, certains membres d'équipage s'effondrent au passage du finish, tétanisés par l'épuisement. Un effort qu'on apprécie les pieds dans la sloch fondant au soleil, et un café de la buvette pour nous réchauffant les mimines.